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12/11/2014

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"Une nouvelle ambition pour la Politique agricole commune" (Discours à la réunion du Groupe consultatif élargi "PAC post 2013", Bruxelles)

Discours du Commissaire Dacian Cioloş à la réunion du Groupe consultatif élargi "PAC post 2013", Bruxelles, 3 Juin 2010

Comme l'a dit Jean-Luc, effectivement, le débat public a attiré de nombreuses contributions. Un chiffre: nous sommes aujourd'hui à près de [4000] contributions. C'est vraiment un signe positif, cela montre l'importance de cette politique aux yeux des citoyens européens.

La dernière grande réforme de la Pac remonte à quelques années maintenant. Depuis, les adaptations législatives ont donné l'impression d'une politique compliquée, technique, éloignée des préoccupations des citoyens. Pourtant, la PAC, c'est tout le contraire, c'est un vrai projet de société dans lequel s'enracine la construction européenne. Il faut promouvoir cette idée et ne pas se contenter de discours défensifs sur la PAC. Il faut véritablement une nouvelle ambition pour la PAC.

C'est le sens du débat public que j'ai lancé en avril.

Aujourd'hui, nous sommes encore dans le temps du débat. Je veux surtout être à votre écoute même si, en raison d'autres engagements, je n'ai pas la possibilité de rester avec vous, je serai très attentif à tout ce qui pourra être dit aujourd'hui.

J'ai trois messages importants.

1) Mon premier message : la PAC doit se mettre au diapason de la diversité des agricultures européennes.

Plutôt que de promouvoir un modèle unique, la PAC doit encourager la diversité des agricultures. Il en découle une diversité de produits alimentaires qui font la richesse des filières européennes. Une richesse reconnue dans le monde entier.

La diversité, c'est une dimension de la qualité, de la diversité culturelle de l'Europe à laquelle nous sommes tous très attachés.

La diversité, c'est aussi des circuits commerciaux adaptés.

La diversité repose enfin sur l'équité.

La PAC ne doit pas favoriser un modèle unique, une taille idéale d'exploitation essentiellement sur la base des perspectives mondiales de commercialisation

Les aides directes, au contraire, doivent être adaptées aux différentes structures, réparties de façon juste entre les Etats membres, entre les régions, entre les producteurs.

La compétitivité, ce n'est pas une question de taille, mais d'intégration au tissu économique et social.

C'est cela que la PAC doit encourager.

2) Mon deuxième message : nous devons transformer les défis économiques et des défis environnementaux en atouts.

UN, les aspects environnementaux.

Je n'accepte pas un discours de repli, un discours défensif sur l'avenir de l'agriculture. Les agriculteurs doivent assumer qu'ils travaillent avec une matière vivante et qu'ils utilisent des ressources naturelles. Il ne faut pas se voiler la face : confier notre alimentation à des pays éloignés ne changerait pas cette réalité. Pour produire, des ressources naturelles sont nécessaires.

Bien les utiliser, c'est dans l'intérêt de chacun, et avant tout des agriculteurs.

Les consommateurs doivent savoir que tout est fait pour que les produits alimentaires européens soient fabriqués dans des conditions optimales. Qu'ils épargnent autant que possible l'environnement en les achetant.

Et j'ajouterais également que l'Europe est à l'avant-garde en matière de normes de bien-être des animaux.

Un signal fort en ce sens, c'est la contribution de l'agriculture européenne à la lutte contre le changement climatique (-20% entre 1990 et 2007 contre -8% pour les autres secteurs).

Pour lutter contre le changement climatique, soyons pragmatiques. Avec la PAC, nous disposons d'une politique efficace, qui peut constituer un levier pour inciter les agriculteurs à aller plus loin dans leurs efforts. Ne cherchons pas d'autres outils, d'autres politiques séparées, spécifiques, alors que pour l'agriculture nous disposons déjà d'un outil performant, qui a fait ses preuves.

Comment transformer ces défis en atout ?

D'abord par la recherche, l'innovation, le développement. Il faut casser les barrières qui existent parfois entre les chercheurs et les agriculteurs. Faire en sorte que les chercheurs travaillent et répondent à des besoins concrets des agriculteurs.

DEUX, les aspects économiques.

Le premier défi économique, c'est l'emploi et la croissance.

L'agriculture doit apporter sa contribution à la stratégie Europe 2020 pour une croissance inclusive, intelligente et durable. Elle le fait déjà. Aidons-là à aller au-delà. La PAC est une source de maintien et de développement de l'emploi (l'agriculture et la sylviculture couvrent 80% du territoire européen, ne l'oublions pas). La réforme doit nous permettre d'aller plus loin en matière d'incitation à l'emploi et dans la recherche de valeur ajoutée.

Une attention particulière doit être portée aux exploitations situées dans des zones difficiles (montagnes par ex.). Dans ces régions, la seule activité économique est souvent l'agriculture. Sans agriculture, il n'y a pas de travail. Il faut être conscient que les exploitations de ces régions sont les premières exposées à la concurrence internationale et intra-communautaire. Et qu'elles ne peuvent pas l'affronter sans soutiens spécifiques.

La PAC est un outil indispensable pour bâtir une politique inclusive de l'emploi dans les zones rurales.

Le deuxième défi économique, ce sont les crises.

Nous ne devons pas laisser les agriculteurs face à des marchés chaotiques. Il n'est pas acceptable que des exploitations parfaitement rentables soient balayées brutalement.

Que faire face à ces défis économiques ?

D'abord, mettre en place une orientation raisonnée vers le marché.

Garder les outils qui ont fait leur preuve. Les aides directes jouent un rôle important de stabilisateur des revenus agricoles et de préservation de l'outil productif.

D'autres outils doivent être améliorés, étendus ou créés. Je pense à des outils supplémentaires mobilisables rapidement, des mécanismes d'assurance, des fonds de garantie par exemple.

Ces outils doivent nous permettre de ne pas nous cantonner à être des pompiers lorsque l'incendie fait rage, mais de mener une véritable politique de prévention des incendies: une politique d'anticipation pour éviter les crises.

3) Mon troisième message, c'est que le chaîne alimentaire doit fonctionner sur le principe du partenariat.

Pour cela :

UN, les agriculteurs doivent s'organiser.

Les organisations professionnelles doivent jouer un rôle clef pour accompagner les agriculteurs, et notamment les petites structures qui n'ont par exemple pas accès facilement à des services de conseil. Ensuite, les agriculteurs doivent apprendre un métier nouveau, celui de la commercialisation. Ils doivent regrouper leurs forces.

DEUX, agriculteurs, industriels et distributeurs doivent être des partenaires avec des relations équilibrées. Je pense que dans certains secteurs, les interprofessions ont montré qu'elles pouvaient être un outil efficace. Il faut approfondir la question des relations contractuelles également.

Pour conclure

Je vous ai sans doute déçu parce que je n'ai pas présenté des pistes concrètes. Mais je suis encore en phase d'écoute. C'est essentiel si nous voulons véritablement apporter un nouveau souffle au projet agricole européen, si nous voulons une nouvelle ambition pour la PAC.

Vous le savez, je suis très attaché à cette politique et je me montrerais pragmatique et ambitieux dans les prochains mois. La conférence en juillet sera un moment important. Le débat est important. Vos idées comptent, publiez-les sur le site, il ne vous reste plus beaucoup de temps. Et sachez que, malgré les obligations qui font que je ne peux rester davantage avec vous, j'accorde une grande importance à la journée d'aujourd'hui et aux échanges que vous pourrez avoir.

Dernière mise à jour : 01/04/2015 |  Haut de la page